Que déduire de la dégradation de la note de la France par Fitch ?

Question de :
Sébastien H
Réponse de :
Julien

Cher Sébastien,

Effectivement, les médias n’ont pas beaucoup relayé cette information, mais c’est l’une des deux grandes informations financières de la semaine (avec le sauvetage de la First Republic Bank) : la note de la France a été dégradée par l’agence Fitch le 28 avril dernier, passant de AA à AA-.

Dans un contexte de flambée des taux d’intérêts, c’est une très mauvaise nouvelle pour notre pays, car cela peut avoir pour conséquence d’augmenter un peu plus le coût de notre dette publique.

Fitch est l’une des principales agences de notation financière avec Standard & Poor’s et Moody’s. Leur rôle est de mesurer le risque de défaut potentiel des entités faisant appel aux crédits sur les marchés financiers, et en particulier des Etats.

L’échelle des notations est globalement la suivante :

AAA (meilleure note, risque extrêmement faible)

AA+ / AA / AA- : haute qualité

A + / A / A - : risques moyens supérieurs

BBB+ / BBB / BBB- : moyens inférieurs

etc.

Le AAA concerne actuellement encore quelques pays : Allemagne, USA, Australie, Suisse, Danemark, Pays Bas, Norvège, Suède, …

Le AA- situe la France au même niveau notamment que les pays suivants : Tchéquie, Belgique, Estonie, Royaume Uni

Ce AA- reste encore une bonne note en matière de dette, mais cette baisse de notation est plutôt un mauvais signal envoyé aux marchés financiers à l’heure où les taux remontent très fortement suite à la (tentative de) fin de l’abondance monétaire que nous avons connu ces 15 dernières années.

Pour justifier cette décision, Fitch a relevé :

  • « des déficits budgétaires importants » : le ratio Dette Publique / PIB à fin 2022 (111,6%) était le plus élevé des pays classés en catégorie AA, dont la médiane est plus de moitié moindre (48,4%),
  • « des progrès modestes » et un plan de réduction du déficit basé sur des hypothèses de croissance trop optimistes,
  • des fortes tensions sociales qui représentent un « risque pour le programme de réformes du gouvernement ».

Dans un contexte où l’une des principales justifications de la réforme des retraites était le besoin nécessaire d’envoyer des signaux positifs aux marchés financeurs de la dette de la France, la décision a de quoi surprendre : l’agence relève plus la grande difficulté à réformer notre modèle social « à la française » et l’absence de consensus autour de cette réforme dans notre population, que les efforts réalisés en allongeant les durées de carrières.

Espérons que S&P ne suive pas la même tendance le 2 juin lors de sa prochaine mise à jour des notations.

À dans 15 jours 👋

gedeon
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Excédents de l’AGIRC-ARRCO, que prévoit le gouvernement ?

Question de

Jean de C.

24/10/2023

Cher Jean,

Merci pour cette question qui nous replonge d’emblée dans le grand feuilleton de cette rentrée !

Il faut dire qu’on avait bien compris depuis quelques temps que les ressources de l’AGIRC ARRCO intéressaient le gouvernement, avec en particulier le sujet du transfert du recouvrement des cotisations AGIRC ARRCO par les URSSAF prévu pour 2023, puis reporté pour 2024 (et d’ailleurs en passe de disparaître dans le PLFSS 2024).
Cette fois-ci la tension monte d’un cran : le gouvernement souhaite que l’AGIRC ARRCO (géré paritairement, pour mémoire) contribue chaque année financièrement à l’équilibre du Régime Général (seulement).

Motif évoqué : grâce à la réforme des retraites 2023 (que les OS n’ont pas soutenue), le régime complémentaire des salariés du privé va faire des excédents dans le futur et donc il doit en rétrocéder une partie au Régime Général. 

D’emblée je pense que cette idée appelle quelques remarques :

1/ Oui, les régimes AGIRC ARRCO sont en excédents depuis quelques années et ont constitué une dizaine de mois de réserves de prestations. 

Ces excédents ont été obtenus grâce à des décisions plutôt courageuses mais globalement en défaveur des actifs et des récents retraités : 

  • les taux de remplacement de ces régimes ont largement diminué depuis 15 ans (via l’augmentation plus rapide du prix d’achat du point vs l’inflation, et moins rapide que l’inflation pour la valeur de service).
  • les jeunes retraités qui liquidaient jusqu’à récemment au taux plein étaient pénalisés temporairement par une minoration de pension (cf la précédente question HOT sur ce sujet)
  • certaines cotisations versées à ces régimes ne génèrent pas de droits et sont destinées à équilibrer le régime.

Cette démarche de responsabilité est vraiment remarquable en comparaison de la gestion laborieuse des régimes de base ou autres régimes spéciaux.

2/ L’idée même que la contribution évoquée ne serait affectée qu’au Régime Général des salariés est étonnante : les différents régimes de base s’équilibrent tous chaque année (via la compensation inter régime de bases), donc compliqué d’imaginer qu’1 euro de l’AGIRC ARRCO versé au Régime Général ne finisse pas au moins en partie à financer d’autres régimes.

3/ Une autre idée un peu dérangeante : c’est l’un des « bons élèves » des régimes de retraite - une fourmi - qui se retrouve taxé pour financer le reste de la classe - les cigales. Surtout que les bénéficiaires de l’AGIRC ARRCO sont plutôt des profils qui paient l’impôt sur le revenu…

Dans tous les cas, dans un pays où les efforts demandés à tous en matière de retraite sont équivalents (décalages d’âges ou de nombre de trimestres identiques), alors que certains partent avec beaucoup plus d’avantages en matière de retraite ou de durée de carrière que d’autres, cette ponction sur les complémentaires des salariés ne passe pas.

Au point que le vote du PLFSS 2024 (par 49-3, sûrement) pourrait faire tomber le gouvernement (via une Motion de censure) puisque l’ensemble des partis d’opposition sont contre cette mesure ! 

A priori, cela devrait infléchir un peu le gouvernement qui aimerait bien que les partenaires sociaux qui gèrent l’AGIRC ARRCO fassent cet effort volontairement… 🤔

Encore un sujet à suivre, assurément !

À bientôt 👋

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