Qu’est ce que le taux de remplacement et comment évolue t’il dans le temps ?
Chère Géraldine,
C’est vrai qu’on entend beaucoup parler de taux de remplacement en ce moment, et que tout le monde ne sait pas forcément de quoi il s’agit !
Pour faire simple, le taux de remplacement correspond à la division de montant de la première retraite perçue par le dernier salaire d’activité. Cet indicateur permet de mesurer le niveau de remplacement offert par la retraite à un tout jeune retraité par rapport à son ancienne rémunération.
Deux variantes sont calculables : le taux de remplacement brut / brut ou net / net, selon qu’on retienne des rémunérations et retraites après déduction des charges sociales salariales. En effet, les charges sociales sur les retraites (10% environ) sont largement inférieures à celles sur les salaires (22% environ), ce qui améliore nécessairement le niveau de remplacement du revenu avant / après le départ.
Ce taux de remplacement est assez disparate en France, et varie selon de nombreux critères :
- le type de carrière : fonctionnaire (+), salarié (=), indépendant (-)
- le niveau de rémunération : plus le salaire de fin de carrière est élevé plus le taux de remplacement est faible,
- la durée de la carrière, assez logiquement,
- les aléas de carrière, comme le chômage ou la maladie, qui génèrent certains droits mais pas tous,
- la pente de carrière : plus on se rapproche de son salaire de fin de carrière tôt, plus de le taux de remplacement est élevé,
- le nombre d’enfants qui peut générer des majorations de trimestres et de points, mais aussi des interruptions de carrière,
- le genre, donc, (ne serait-ce qu’en relisant l’item précédent),
- la génération : en particulier chez les salariés, plus la génération est récente moins le taux de remplacement est élevé, et ce du fait des mesures fortes prises par l’AGIRC-ARRCO pour limiter les déficits futurs (augmentation de la valeur d’achat du point beaucoup plus rapide que celle de service, ce qui mécaniquement baisse les pensions à salaire identique, par exemple). Les réformes successives des retraites ont également un impact, pour toutes les catégories d’actifs, en particulier si on compare des départs à des âges fixés (et pas à taux plein)
- les efforts de retraite supplémentaire réalisés par le salarié (PERin, PERCO/PERcol) ou son entreprise (art 83, PERo, …) qui permettent d’améliorer significativement la retraite et sous réserve de choisir une sortie en rente viagère, …
Bref vous l’aurez compris, il est très délicat de se faire une idée à l’avance de ce que sera son taux de remplacement. En revanche, c’est rarement une bonne surprise…
Les meilleures situations auront environ 70% de taux de remplacement en brut sur brut, et les moins bonnes moins de 30%.
Chez Gedeon, nous avons mis en place un simulateur de taux de remplacement dynamique que te permettra de simuler tout ça pour des salariés des différentes générations et rémunérations.
Une bonne façon de se faire à l’idée que la retraite publique ne suffira pas à faire le bonheur de tes salariés au moment de leur départ en retraite ☺️.
À la semaine prochaine 👋
Les questions Hot !
Tu as une problématique retraite pour laquelle tu as besoin d'un avis d'expert ?
Qu’est-ce que la minoration temporaire à l’AGIRC-ARRCO et pourquoi les organisations syndicales demandent sa disparition ?
Question de
Adrien C.
12/9/2023
Cher Adrien,
Merci pour cette question qui nous replonge dès le retour des congés dans les conséquences de la réforme des retraites.
Le Bonus-Malus AGIRC-ARRCO, également appelé Coefficient temporaire de minoration, est en place depuis 2019.
En pratique, pour toute liquidation des générations à partir de 1957, si le départ intervient à taux plein, un malus de 10% s’applique sur la retraite complémentaire AGIRC-ARRCO pendant 3 ans. Il faut travailler 1 an de plus que le taux plein pour que ce coefficient disparaisse ; travailler 2 ans de plus que le taux plein permet d’obtenir un bonus de 10% de sa pension AGIRC-ARRCO pendant 1 an (20% pendant 1 an pour 3 ans de plus que le taux plein).
A l’origine de ce dispositif, l’idée que l’équilibre des régimes complémentaires passait par un recul de l’âge de liquidation moyen des retraites. Arrêtons-nous un instant sur ce concept : les partenaires sociaux en charge de la gestion des régimes complémentaires des salariés ont donc considéré depuis plusieurs années que les retraites étaient liquidées trop tôt, et le taux plein n’existait plus vraiment à l’AGIRC-ARRCO depuis 2019.
Quelques statistiques sont d’ailleurs disponibles sur ce bonus-malus : 9% des nouveaux retraités ont repoussé leur départ à la retraite, et 55% ont subi la minoration. Quand on sait que la pension AGIRC-ARRCO représente environ 30% des retraites liquidées moyennes en 2020, on voit que cette mesure est tout sauf symbolique.
D’autant que désormais tout ceci est largement impacté par la réforme des retraites, car :
- l’âge minimum de départ à la retraite passe de 62 ans à 64 ans,
- et l’augmentation du nombre de trimestres requis pour obtenir le taux plein accélère.
Dans ce contexte, de nombreuses voix s’élèvent en cette rentrée sociale, notamment du côté des représentants des salariés à l’AGIRC-ARRCO, pour demander la suppression de ce système.
A mon sens c’est une demande légitime :
- dans le contexte financier du régime unifié AGIRC-ARRCO désormais excédentaire (2,6 milliards d’excédents en 2021 et 5,1 milliards en 2022).
- et quand on sait que les retraites AGIRC-ARRCO ont vu leur taux de remplacement moyen à la liquidation diminuer régulièrement depuis 1999 sous l’effet du décalage entre revalorisation de la valeur d’achat des points et celle de service. A titre d’exemple, la valeur d’achat du point a augmenté de 46% entre 2002 et 2022, pendant que la valeur de service n’évoluait « que » de 28% (soit -15% de retraite pour une cotisation identique, grosso modo).
En tout cas, félicitations cette question très à-propos, puisqu’une réunion de négociation sur les nouvelles règles de l’Agirc-Arrco a lieu ce mercredi 13 septembre, et que le sujet de la disparition du malus fait partie des points de discussion (avec l’apparition d’une part de capitalisation peut-on lire !).
→ Voir la réponse de
Julien