Réforme des retraites, mais qu’en pense la CFDT ? 🤔

Question de :
Didier
Réponse de :
Julien

Une fois n’est pas coutume parlons réforme des retraites, merci pour cette question Didier !
Et ça tombe bien, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, était interrogé ce lundi matin dans le cadre de la reprise des concertations autour de notre serpent de mer préféré, la « fameuse » réforme des retraites.

Sur les réunions d’échanges tenues depuis début septembre, Laurent Berger confirme avoir pu évoquer les sujets importants pour son syndicat : pénibilité, justice sociale, emploi des seniors : « on a pu dire ce qu’on pensait, au gouvernement de décider s’il nous a écoutés ou pas ».

Le sujet des jours à venir est beaucoup plus polémique, puisque les discussions porteront autour du Financement (oui, en répartition, Financement mérite une majuscule !) 💰

La structure du message de Laurent Berger est alors très intéressante :

1/ Remettre en question la base de la communication du gouvernement => selon la CFDT il n’y a pas vraiment de problème de financement : Ainsi Laurent Berger propose de « mesurer ce qu’est réellement le déficit des retraites et pas celui qui est annoncé » ( le gars qui calcule les déficits des retraites est-il celui qui compte les manifestants pour la CGT ? 😉), pour comprendre surtout « comment on y répond ». Pour lui « le gouvernement nous fait peur partout en disant qu’il y a un énorme déficit ; ce qui est vrai c’est qu’il y a un déficit, la CFDT n’a jamais nié cette réalité, mais il n’est pas du tout à la hauteur du déficit de 2003 et 2013, et il n’y a sûrement pas besoin de décaler l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans ». Le ton est posé ! (surtout qu’entre-temps le gouvernement confirme qu’il vise plutôt un report à 65 ans 😬).

2/ Soulever le sujet de fond en 🇫🇷 d’un report de l’âge de départ à 64 ou 65 ans => l’emploi des seniors. C’est clairement le gros problème de cette réforme, il faut permettre « aux gens à partir de 55 ans de vraiment travailler », dans un contexte ou « 40% des gens liquident leur retraite en étant pas en emploi » et le « taux d’emploi des seniors est autour de 30 à 33% quand en Suède il est de 70% ». Le leader de la CFDT demande « des mesures coercitives pour que les entreprises à partir de 55 ans arrêtent de mettre dehors leurs salariés seniors », en proposant de « négocier dans les entreprises ou dans les branches des accords sur l’emploi des seniors, et à défaut d’accord les entreprises sont sanctionnées ».

3/ Poser ses conditions à une éventuelle acceptation de la réforme ✅ => Pénibilité, carrières longues et pensions minimales. En tant que syndicat progressiste, et quitte à subir une réforme, la CFDT entend en tirer le maximum possible, ce qui avait bien fonctionné en 2003 avec la création (très utile) du dispositif des carrières longues. Concernant la pénibilité, il évoque notamment le lien entre l’espérance de vie et la pénibilité de nombreux emplois, dont celui d’aide-soignant cité à titre d’exemple., et demande des mesures de prévention et de réparation sur ce sujet, et il considère que ces « surcoûts se financent ». Questionné sur une acceptation ou non du report de l’âge légal, Laurent Berger évoque le caractère « injuste » selon lui du système des retraites aujourd’hui :

  • « des gens subissent la pénibilité » empêchant de « travailler jusqu’à 62 ans » dans de nombreux secteurs,
  • « des gens cotisent plus de 43 ans et ne peuvent pas partir »,
  • « on peut travailler toute sa vie et à peine avoir de quoi vivre en retraite à cause du taux de remplacement ».

Il souhaite à propos de ce report de l’âge, « remettre des éléments de justice dans le système et regarder qui serait pénalisé par le report de l’âge légal, et en particulier les 25% de travailleurs les plus modestes et qui cotisent parfois 46, 47 ou 48 ans ».

4/ Pour finir un rappel des forces en puissance => la dissuasion nucléaire 💥 : « Il n’est pas question de sauver les meubles, on aura obtenu des avancées d’un certain côté et on s’opposera à des mesures qui seraient injustes de l’autre ». Laurent Berger rappelle « qu’il y a une incandescence extrêmement forte dans notre pays, beaucoup de difficultés sociales et beaucoup d’inquiétude » et qu’il « croit que sortir un âge légal de départ à la retraite à 64 ou 65 ans fin décembre ou début janvier c’est mettre beaucoup de conflits dans le pays ». La CFDT se retrouvera avec les autres syndicats, et si les annonces se font « à l’aube des vacances » de Noël, « il y aura de toute façon un mois de janvier avec des semaines qui pourront permettre des mobilisations syndicales ». « La question de fond n’est pas tellement ce qui va se passer derrière en termes de mobilisation, la CFDT sera mobilisée. La question de fond c’est est ce que le gouvernement a vraiment envie de mettre le feu au pays et de faire une réforme profondément injuste pour les travailleurs modestes ».

🔥💥✊Tout un programme !

Pour ceux qui veulent revoir la vidéo : https://www.rtl.fr/actu/politique/invite-rtl-retraites-est-ce-que-le-gouvernement-a-envie-de-mettre-le-feu-au-pays-demande-berger-7900210463

gedeon
Julien n'a rien de prévu ce soir donc n'hésite pas à partager ta problématique retraite, tu auras la réponse demain au réveil ✌️.
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Qu’est-ce que la minoration temporaire à l’AGIRC-ARRCO et pourquoi les organisations syndicales demandent sa disparition ?

Question de

Adrien C.

12/9/2023

Cher Adrien,

Merci pour cette question qui nous replonge dès le retour des congés dans les conséquences de la réforme des retraites.

Le Bonus-Malus AGIRC-ARRCO, également appelé Coefficient temporaire de minoration, est en place depuis 2019.

En pratique, pour toute liquidation des générations à partir de 1957, si le départ intervient à taux plein, un malus de 10% s’applique sur la retraite complémentaire AGIRC-ARRCO pendant 3 ans. Il faut travailler 1 an de plus que le taux plein pour que ce coefficient disparaisse ; travailler 2 ans de plus que le taux plein permet d’obtenir un bonus de 10% de sa pension AGIRC-ARRCO pendant 1 an (20% pendant 1 an pour 3 ans de plus que le taux plein).

A l’origine de ce dispositif, l’idée que l’équilibre des régimes complémentaires passait par un recul de l’âge de liquidation moyen des retraites. Arrêtons-nous un instant sur ce concept : les partenaires sociaux en charge de la gestion des régimes complémentaires des salariés ont donc considéré depuis plusieurs années que les retraites étaient liquidées trop tôt, et le taux plein n’existait plus vraiment à l’AGIRC-ARRCO depuis 2019.

Quelques statistiques sont d’ailleurs disponibles sur ce bonus-malus : 9% des nouveaux retraités ont repoussé leur départ à la retraite, et 55% ont subi la minoration. Quand on sait que la pension AGIRC-ARRCO représente environ 30% des retraites liquidées moyennes en 2020, on voit que cette mesure est tout sauf symbolique.

D’autant que désormais tout ceci est largement impacté par la réforme des retraites, car :

  • l’âge minimum de départ à la retraite passe de 62 ans à 64 ans,
  • et l’augmentation du nombre de trimestres requis pour obtenir le taux plein accélère.

Dans ce contexte, de nombreuses voix s’élèvent en cette rentrée sociale, notamment du côté des représentants des salariés à l’AGIRC-ARRCO, pour demander la suppression de ce système.

A mon sens c’est une demande légitime :

  • dans le contexte financier du régime unifié AGIRC-ARRCO désormais excédentaire (2,6 milliards d’excédents en 2021 et 5,1 milliards en 2022).
  • et quand on sait que les retraites AGIRC-ARRCO ont vu leur taux de remplacement moyen à la liquidation diminuer régulièrement depuis 1999 sous l’effet du décalage entre revalorisation de la valeur d’achat des points et celle de service. A titre d’exemple, la valeur d’achat du point a augmenté de 46% entre 2002 et 2022, pendant que la valeur de service n’évoluait « que » de 28% (soit -15% de retraite pour une cotisation identique, grosso modo).

En tout cas, félicitations cette question très à-propos, puisqu’une réunion de négociation sur les nouvelles règles de l’Agirc-Arrco a lieu ce mercredi 13 septembre, et que le sujet de la disparition du malus fait partie des points de discussion (avec l’apparition d’une part de capitalisation peut-on lire !).

→ Voir la réponse de

Julien

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