Que représente la retraite dans nos dépenses publiques ? 🤔

Question de :
Bruno L.
Réponse de :
Julien

Cher Bruno,


D’emblée, j’avoue que répondre à une question sur les dépenses publiques à un certain « Bruno L. » me fait un peu trembler, mais promis, je vais tenter de répondre très honnêtement à cette question.

Pour éviter tout débat d’expert, je me suis limité aux ressources de l’INSEE, de l’OCDE et de l’Etat Français pour répondre à cette question, et sur la base de l’année 2018 qui présente l’avantage non négligeable d’être non impactée par les effets covid qui ont tout de même chamboulé notre dépense publique ces 3 dernières années.

Ceci étant posé, voici un petit tableau de synthèse de mes recherches sur le sujet :

Que représente la retraite dans nos dépenses publiques

Le PIB français de 2018 s’élève donc à 2 353 milliards d’euros, et la dépense publique à 1 318 milliards d’euros, soit 56% du PIB.
D’après l’OCDE, il s’agit du record du monde de la dépense publique 🇫🇷🥇.

Plus en détail, cette dépense publique est composée pour plus de la moitié (56,2%) de dépenses de protection sociale, et si on zoome encore un peu plus on constate que les charges de retraite pèsent pour 25,7% de la dépense publique.
En % du PIB, nos dépenses de retraite publique représentent donc 14,4% du PIB !
Plus de 8 fois plus que la Défense, et presque 3 fois plus que l’Enseignement. Et nous sommes dans le top 3 mondial derrière l’Italie et la Grèce.

Il est également intéressant de constater que cette proportion est en très forte évolution depuis 2002, année durant laquelle les dépenses de retraite représentaient un peu moins de 12% du PIB.

Enfin, un « léger » déficit complémentaire sur les retraites (comme on peut l’entendre ici ou là), de l’ordre de 10 milliards d’euros soit 0,5% de PIB environ, c’est-à-dire le niveau attendu dans les projections du Conseil d’Orientation des Retraites en scénario intermédiaire pour 2032, aurait représenté par exemple 1/5e de déficit public complémentaire en 2018 !

Petite mise en perspective pour tous ceux qui se demandent si une réforme est nécessaire ou non :

  • nous dépensons 14,4% du PIB pour nos retraites tous les ans, et plus de 95% d’entre nous n’ont aucune idée de ce qu’ils percevront à la retraite et ni même à quelle date ils partiront ;
  • À l’heure où les taux d’emprunt des Etats remontent fortement, le taux d’emprunt 10 ans étant passé de 0,71% à fin 2018 à 2,83% le 14/02 - avec même un passage en taux négatifs en 2021 ! - il ne paraît pas surprenant que le gouvernement souhaite montrer que la dépense publique française reste pilotable, en particulier sur le sujet des retraites qui pèse pour un quart de celle-ci.

Autant d’éléments qui nous confortent dans notre mission chez Gedeon : redonner un nouveau souffle à la retraite des Français. Une mission dont l’Impact vient d’ailleurs d’être reconnu dans une étude de France Fintech, mais on en reparle très vite.

À la semaine prochaine 👋

Sources:
https://www.vie-publique.fr/en-bref/286299-retraites-le-cor-prevoit-des-deficits-apres-les-excedents-2021-2022
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277808?sommaire=4318291#tableau-figure5
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277707?sommaire=4318291
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4161181
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381414#graphique-figure1
https://data.oecd.org/fr/gga/depenses-des-administrations-publiques.htm
https://data.oecd.org/fr/socialexp/depenses-de-retraite.htm

gedeon
Julien n'a rien de prévu ce soir donc n'hésite pas à partager ta problématique retraite, tu auras la réponse demain au réveil ✌️.
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Qu’est-ce que la minoration temporaire à l’AGIRC-ARRCO et pourquoi les organisations syndicales demandent sa disparition ?

Question de

Adrien C.

12/9/2023

Cher Adrien,

Merci pour cette question qui nous replonge dès le retour des congés dans les conséquences de la réforme des retraites.

Le Bonus-Malus AGIRC-ARRCO, également appelé Coefficient temporaire de minoration, est en place depuis 2019.

En pratique, pour toute liquidation des générations à partir de 1957, si le départ intervient à taux plein, un malus de 10% s’applique sur la retraite complémentaire AGIRC-ARRCO pendant 3 ans. Il faut travailler 1 an de plus que le taux plein pour que ce coefficient disparaisse ; travailler 2 ans de plus que le taux plein permet d’obtenir un bonus de 10% de sa pension AGIRC-ARRCO pendant 1 an (20% pendant 1 an pour 3 ans de plus que le taux plein).

A l’origine de ce dispositif, l’idée que l’équilibre des régimes complémentaires passait par un recul de l’âge de liquidation moyen des retraites. Arrêtons-nous un instant sur ce concept : les partenaires sociaux en charge de la gestion des régimes complémentaires des salariés ont donc considéré depuis plusieurs années que les retraites étaient liquidées trop tôt, et le taux plein n’existait plus vraiment à l’AGIRC-ARRCO depuis 2019.

Quelques statistiques sont d’ailleurs disponibles sur ce bonus-malus : 9% des nouveaux retraités ont repoussé leur départ à la retraite, et 55% ont subi la minoration. Quand on sait que la pension AGIRC-ARRCO représente environ 30% des retraites liquidées moyennes en 2020, on voit que cette mesure est tout sauf symbolique.

D’autant que désormais tout ceci est largement impacté par la réforme des retraites, car :

  • l’âge minimum de départ à la retraite passe de 62 ans à 64 ans,
  • et l’augmentation du nombre de trimestres requis pour obtenir le taux plein accélère.

Dans ce contexte, de nombreuses voix s’élèvent en cette rentrée sociale, notamment du côté des représentants des salariés à l’AGIRC-ARRCO, pour demander la suppression de ce système.

A mon sens c’est une demande légitime :

  • dans le contexte financier du régime unifié AGIRC-ARRCO désormais excédentaire (2,6 milliards d’excédents en 2021 et 5,1 milliards en 2022).
  • et quand on sait que les retraites AGIRC-ARRCO ont vu leur taux de remplacement moyen à la liquidation diminuer régulièrement depuis 1999 sous l’effet du décalage entre revalorisation de la valeur d’achat des points et celle de service. A titre d’exemple, la valeur d’achat du point a augmenté de 46% entre 2002 et 2022, pendant que la valeur de service n’évoluait « que » de 28% (soit -15% de retraite pour une cotisation identique, grosso modo).

En tout cas, félicitations cette question très à-propos, puisqu’une réunion de négociation sur les nouvelles règles de l’Agirc-Arrco a lieu ce mercredi 13 septembre, et que le sujet de la disparition du malus fait partie des points de discussion (avec l’apparition d’une part de capitalisation peut-on lire !).

→ Voir la réponse de

Julien

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